Istanbul, à cheval entre l’Europe et l’Asie, est un melting-pot de cultures, d’empires et d’histoires. Parmi ses nombreuses contributions à la culture mondiale, les bains publics de l’époque ottomane, ou hammams, se distinguent comme un témoignage d’une tradition qui fait partie du tissu social de la ville depuis des siècles. Cet article de blog explore la riche histoire de la culture ottomane des hammams à Istanbul et met en lumière certains des bains publics historiques qui continuent de fonctionner aujourd’hui, offrant un pont entre le passé et le présent.

L’essence de la culture ottomane du hammam

La tradition des hammams remonte à l’époque romaine et a été héritée et considérablement développée par les Ottomans lorsqu’ils ont fait d’Istanbul (alors Constantinople) la capitale de leur empire en 1453. Ces bains publics n’étaient pas seulement des lieux de bain ; ils étaient des centres de vie sociale, de santé et de détente, profondément ancrés dans le tissu de la société ottomane. L’architecture des hammams ottomans reflète l’importance de ces espaces. En général, un hammam est divisé en trois sections principales : la salle froide (soğukluk), la salle chaude (ılıklık) et la salle chaude (sıcaklık). La salle froide servait de vestiaire et de zone de repos, la salle chaude pour s’adapter à la chaleur et au nettoyage initial, et la salle chaude pour les principales activités de bain, notamment le gommage et le massage. La pièce maîtresse de nombreux hammams est le göbektaşı, une grande plate-forme en marbre chauffée où les baigneurs s’allongent pour transpirer et recevoir des massages et des gommages de la part de tellaks (personnels masculins) ou de natırs (personnels féminins) dans des sections séparées par sexe.

Les hammams : un phénomène social

Au-delà de leur fonction de propreté personnelle, les hammams jouaient un rôle important dans la vie sociale ottomane. C’étaient des lieux où les gens de toutes les classes et de tous les milieux pouvaient se réunir, à l’écart des hiérarchies du monde extérieur. Les événements importants de la vie, comme les bains de mariée avant les mariages et les bains spéciaux pour les nouveau-nés et leurs mères, étaient célébrés dans les hammams. Ces institutions étaient également vitales pour le bien-être physique et mental de la population, car on croyait qu’elles purifiaient le corps et l’âme.

Les hammams historiques d’Istanbul toujours en activité

Plusieurs hammams de l’époque ottomane à Istanbul ont résisté à l’épreuve du temps et continuent de fonctionner, offrant un aperçu unique du passé. En voici quelques exemples notables :

Hamamı Çemberlitaş

Construit en 1584 par le grand architecte ottoman Mimar Sinan, le hammam Çemberlitaş est situé près du Grand Bazar et reste l’un des bains les plus célèbres de la ville. Son architecture époustouflante et son dôme central sont emblématiques de la maîtrise de Sinan, et il propose une gamme de services traditionnels, du gommage classique et du massage à la mousse aux soins de spa plus contemporains.

Hammam de Süleymaniye

Autre création de Mimar Sinan, le hammam Süleymaniye a été construit dans le cadre du complexe de la mosquée Süleymaniye en 1557. Unique pour son bain mixte (qui est aujourd’hui organisé sur réservation privée), ce hammam offre une expérience traditionnelle avec son architecture originale largement préservée.

Hammam de Cağaloğlu

Construit en 1741, le hammam de Cağaloğlu est l’un des derniers hammams construits sous l’Empire ottoman et est considéré comme l’un des plus beaux, inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Son architecture baroque, ses détails complexes et son importance historique en font une destination populaire pour les locaux et les touristes.

L’héritage continue

Aujourd’hui, ces hammams historiques servent non seulement de lieux de détente et de bien-être, mais aussi de musées vivants, offrant un aperçu d’un mode de vie qui fait partie intégrante d’Istanbul depuis des siècles. Les visiteurs peuvent découvrir les rituels traditionnels du hammam, notamment le kese (gommage) et le köpük (massage à la mousse), dans des lieux qui ont accueilli d’innombrables générations.

Conclusion

Les hammams d’Istanbul sont un pont entre le passé et le présent de la ville, incarnant l’essence de l’ingéniosité sociale et architecturale ottomane. Ils nous rappellent une époque où les rythmes de la vie quotidienne étaient intimement liés à ces espaces communs de propreté, de détente et de rassemblement social. Pour les voyageurs comme pour les locaux, une visite dans l’un des hammams ottomans opérationnels d’Istanbul est plus qu’un luxe : c’est un retour dans le temps, une immersion dans une tradition séculaire qui continue d’apaiser et de rajeunir le corps et l’âme au cœur animé d’une métropole moderne.